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Championnats du monde 2012, une épopée victorieuse
samedi 2 novembre 2013, par
Voici le récit de l’épopée fantastique que nous avons vécue à l’occasion des championnats du monde de Canne de combat 2012...
Paris, vendredi 21 septembre 2012
C’était un matin de septembre, le vendredi 21. Une courte nuit chez l’ami Archo (histoire de gagner des heures de sommeil et de train) et nous voilà parti (tôt) pour le loueur de voiture porte Maillot, où nous retrouvons nos compagnons de route et de club Sélénia, Xavier ainsi que les hongrois Peter et NIké (de Budapest), qui avaient accepté notre invitation de voyage.
Un peu d’attente, quelques courses et nous sommes en route. Tout le monde est à la fête, l’ambiance est bonne. Seule Sélénia montre parfois quelques signes de stress ; c’est bien normal, vu les enjeux.
La route jusqu’à Saint Herblain se déroule sans problèmes, nonobstant quelques intempéries à l’arrivée sur Nantes.
Nous allons directement au gymnase histoire de ne pas être en retard et de savoir comment se passe les choses. La tension monte d’un cran quand nous arrivons sur place.
La salle où vont se dérouler les championnats du monde de canne de combat 2012 est prête. Personne en vue : nous nous coordonnons avec Julien, déjà sur place en tant qu’officiel, afin de connaître le programme : le tirage au sort n’a lieu qu’en fin d’après midi.
Un aller retour rapde à l’hôtel pour déposer les bagages, où l’on commence à rencontrer du monde, et entre autres les membres de l’équipe de france de la réunion et Schiltigheim, et l’équipe de Slovénie dont nous connaissons déjà des membres. Ensuite on se rend compte qu’on a faim et qu’il est déjà très tard et nous réussissons à trouver une pizza non loin de là afin de nous sustenter...
Puis vient le temps du tirage au sort, assorti d’un pot de bienvenue, au gymnase. On est content de retrouver notre petite communauté qui s’agrandit, et pour ma part je revois certaines personnes que j’avais perdu de vue, n’étant pas présent aux championnats d’Europe ou de France depuis plusieurs années. Tout le monde converge autour du tableau sur lequel sont indiquées les différentes poules et les pays qui en font partie. Un pays ne peut-être représenté qu’une fois par poule, et on tire au sort les tireurs qui s’affronteront dans une poule. Le tirage commence par les féminines...Sélénia me confie qu’elle ne veut pas voir ça, et je m’approche donc du tableau afin de voir quelles sont les compositions des poules et si les assauts seront gérables. Après quelques temps, nous sommes rassurés, pas de gros problèmes en vue. Même si les adversaires sont toutes de valeurs, elles sont tout à fait à la portée de Sélénia.
Après le pot, nous raccompagnons Sélénia à l’hôtel pour une séance de briefing par son entraîneur, Xavier L, et nous y allons également chacun de notre petite remarque avec Arnaud C et et Julien F qui nous ont rejoint. J’essaye pour ma part de rester sur le mode de la méthode "coué" (même si je n’y connais rien). Mon opinion est qu’il vaut mieux que Sélénia se concentre sur le fait qu’elle a tout ce qu’il faut pour gagner, et qu’elle va gagner sans aucun doute, plutôt que que sur le latéral de truc ou la défense de machine - d’autant que je ne pourrais certainement pas lui donner de meilleurs conseils que Xavier, Julien ou Arnaud...
Nous la laissons donc à ses rêves et sa - sans doute trop courte - nuit, puisque la délégation française dort à l’hôtel et que nous ne sommes que les accompagnateurs de l’ombre...
Heureusement nous avons de relations, et à Nantes nous connaissons un bon plan pour dormir, chez notre ami Antoine L, qui nous a gentiment invité à occuper son appartement pendant que lui est parti en week-end. Réveil prévu le lendemain à 6h30, nous décidons de nous coucher tôt pour être en pleine forme demain.
Hein ? Non, je blague, bien-sûr nous refaisons le monde de la canne jusqu’à tard dans la nuit, parce qu’on en a besoin, qu’il n’y a finalement pas tant d’occasion que ça de se voir et de discuter, et puis que zut après tout c’est aussi pour ça qu’on est venus !
Nantes, samedi 22 septembre 2012
Le lendemain matin après une nuit beaucoup trop courte nous passons chercher Sélénia, qui malgré les évènements à venir semble tenir le choc.
Nous arrivons au gymnase quelques instants plus tard, et nous nous renseignons sur son heure de passage. Son premier assaut n’est que pour l’après midi, nous avons donc tout le temps. Les premiers assauts des poules débutent, démarrant ainsi ces championnats du monde de canne de combat 2012 !
Nous faisons de notre mieux pour accompagner notre Sélénia nationale, tant physiquement que moralement. Musiques, mots croisés, blagues idiotes, tous les moyens sont bons pour arriver à lui faire oublier la tension liée à l’évenement...
Après un déjeuner léger (pas facile pour elle de s’alimenter correctement dans ces cas-là), le temps de l’échauffement vient, puis nous laissons partir Sélénia vers son premier assaut. Elle est maintenant entre les mains du coach officiel de l’équipe de France, Thierry, qui connait bien son travail. Nous sommes dans nos petit souliers, nous demandant si notre préparation des dernières heures était la bonne...
"En garde....allez !"
L’assaut démarre, de façon plutôt calme ; l’adversaire de Sélénia a de bonnes attaques, mais n’arrive pas à les concrétiser, tandis que Sélénia prend systématiquement la parade riposte et pose des touches tout à fait claires. Deuxième reprise, les choses se mettent un peu plus en mouvement, et enfin vient la victoire, sur un assaut très dynamique.
Sélénia revient vers nous avec le sourire : ça fait du bien ! A nous de jouer maintenant pour la récupération physique et mentale, en attendant le prochain.
Deuxième assaut, un peu plus tard. Là, c’est la technique qui fait la différence : Sélénia arrive à varier ses coups, occupe l’aire et fixe son adversaire à de nombreuses reprises. Résultat, elle marque et ne la laisse pas marquer.
Deuxième victoire donc, et Sélénia a le sourire.
Et ça continue comme ça jusqu’à la fin de la journée, malgré des incidents autour du groupe de la Réunion qui ont bien faillit faire exclure l’équipe de France.
Nous rentrons et persuadons notre victorieuse partenaire de venir boire un verre - de cidre doux, soyons fous ! - chez Antoine histoire de décompresser et de débriefer. Ce que nous faisons donc, avant de la ramener tôt, afin qu’elle dorme correctement en vue des assauts du lendemain.
Nantes, dimanche 23 septembre 2012
Deuxième jour, deuxième réveil difficile ; mais une seule motivation : les championnats du monde de canne de combat ! Retour à la réalité, nous allons chercher Sélénia, qui tire en premier pour ses quarts de finale, et qui doit donc être préparée suffisamment à l’avance.
Elle a une petite mine en sortant de l’hôtel, mais retrouve rapidement le sourire après quelques imbécillités de notre part. Malgré cela, la tension est palpable. Nous sommes conscient de vivre un moment exceptionnel.
Arrivée au gymnase, échauffement, concentration, trac, tension... Puis en garde pour les quarts de finale ! L’adversaire, la malgache Bernadette, est petite et très rapide. Le combat s’engage très vite et Sélénia doit user de tout son talent pour ne pas se faire prendre. Elle réussit cependant à rester hors distance et à prendre son adversaire par des attaques longues en profondeur.
Une victoire s’en suit, bien méritée pour notre désormais demi-finaliste !
Un peu de repos, toujours des mots croisés et de la musique, des massages décontractants, et un soutien continu de notre part.
La demi finale ne sera que cet après midi, puisque les assauts de classement se font avant. Cela nous laisse le temps de regarder les assauts masculins, qui tiennent leurs promesses, avec un Florian Adami et Benjamin Latt au sommet de leur art.
Repas léger en tête à tête, puis avec quelques officiels - qui n’ont que très peu de temps pour déjeuner - et nous retournons en salle pour la demi-finale. Je ne sais pas qui est le plus tendu mais je pense que ça doit être moi... Xavier quant à lui reste dans son flegme finalement très britanique pour un français et ne montre que très peu de signe de pression...(je ne sais pas comment il fait)
Sélénia est maintenant sur l’aire, face à Marie-Hélène, la canadienne. Les hostilités démarrent rapidement : Marie-Hélène n’est pas du genre à se laisser impressionner par une Française, fut-elle championne d’Europe... Là encore, la tactique et la technique de Sélénia bloquent le jeu de la canadienne, qui n’arrive pas à faire lever les touches, malgré une bonne technique. Sélénia arrive à bout de son adversaire avec 19 points d’avance. Une joie éclate dans les gradins, parmis notre petit groupe de supporters : Sélénia est en finale des championnats du monde de canne de combat 2012 !
Nous la félicitons, mais très vite nous pensons à la finale qui approche. Nous obligeons Sélénia à aller faire un tour, histoire de ne pas se focaliser sur l’autre demi-finale, qui oppose la slovène Jerca et l’allemande Amanda. Jerca sort vainqueur par 8 à 0. Pas facile pour Sélénia, qui est amie avec les deux !
Le moment solennel approche, et la tension est à son comble. La finale se déroule dans 5 minutes. Je fais de mon mieux pour donner de « bonnes ondes » à notre finaliste, et elle s’en va vers l’aire, prise en main par Thierry.
Un assaut très technique se déroule sous nos yeux. J’ai le cœur qui bat la chamade, et chaque touche jaune est un soulagement... Pendant la première reprise, Sélénia ne laisse pas venir son adversaire, et marque plusieurs touches très propres en parade-riposte... Pourtant la slovène se révolte dans le milieu de l’assaut et le combat fait rage entre les deux tireuses. Elle mène presque pendant un moment, puis Sélénia, beaucoup plus agressive qu’en début d’assaut, revient aux fondamentaux et arrive à contourner les attaques trop rapides de Jerca. Puis, au bout de quatre reprises acharnées, elle parvient enfin à la victoire !
Je saute de joie, comme tous autour de moi, attend avec impatience l’annonce des résultats :
« Est déclarée vainqueur, par 18 à 12, et championne du monde 2012, le tireur jaune Sélénia Claudin-Mabire » ! Là c’est l’explosion, toute la tension qui s’écroule d’un seul coup :
Sélénia est championne du monde de canne de combat ! On n’en revient pas.
Viennent les accolades, et autres congratulations... Nous sautons dans les bras les uns des autres, tellement contents qu’elle ait pu aller jusqu’au bout, tellement heureux pour ma part d’avoir décidé de venir après avoir hésité !
S’en est suivi la finale homme, qui a vu Benjamin Latt l’emporter après un beau combat, une victoire qui nous a également procuré un grand bonheur, lui qui prépare depuis longtemps ces championnats de façon très rigoureuse. Bravo à lui, il le mérite !
Les remises des prix suivent, avec le moment émouvant d’une Sélénia sur la plus haute marche, la marseillaise en fond...
Nous avons ensuite été fêter ça avec tout le monde, un pot étant donné avant le dîner.
Puis, devant reprendre la route, nous sommes retournés chercher nos affaire chez Antoine qui était de retour, avec qui nous avons partagé la pizza de la victoire (qu’il a fallut aller chercher à l’autre bout de Nantes sous une pluie battante, mais tant pis, on était champions du monde...enfin Sélénia surtout !)
Ensuite la route, 5 heures, pour rentrer à Paris tôt le matin, déposer notre toute nouvelle championne ainsi que nos co-voituriers, et nous voilà avec Xavier entrain de chercher une pompe à essence, puis le bon parking pour la voiture de location à 6 heures du matin... Résultat, rentré à 8h chez moi, mais heureux comme jamais de week-end de folie.
Ce moment restera gravé longtemps dans ma mémoire, pas tant pour l’exploit sportif, que pour l’aventure humaine. Je n’avais jamais ressenti tant de choses en même temps que quelqu’un d’autre, et pour quelqu’un d’autre. C’est un sentiment incroyable !
Je n’oublie pas Archo, Julien et pas non plus Arnaud, qui sont des compagnons indispensables dans ces péripéties, et des amis également. Merci à eux.
Je remercie évidement Xavier, mon compagnon de route, mais également entraîneur de Sélénia, sans qui le voyage et le parcours n’auraient pas étés les mêmes. Nous avons vécu tous les deux quelque chose de spécial ce week-end.
Enfn je remercie Sélénia mille fois de sa détermination, son courage et son attitude, qui donne envie de la soutenir et de vivre d’autres aventures.
À la prochaine !